© Illustration: Celia Ascenso | Agency: Dreamstime.com
Le Chien
À mes oiseaux piaillant debout
Chinés sous les becs de la nuit
Avec leur crêpe de coutil
Et leur fourreau fleuri de trous
À mes compaings du pain rassis
À mes frangins de l´entre bise
À ceux qui gerçaient leur chemise
Au givre des pernods-minuit
A l´Araignée la toile au vent
A Biftec baron du homard
Et sa technique du caviar
Qui ressemblait à du hareng
A Bec d´Azur du pif comptant
Qui créchait côté de Sancerre
Sur les MIDNIGHT à moitié verre
Chez un bistre de ses clients
Aux spécialistes d´la scoumoune
Qui se sapaient de courants d´air
Et qui prenaient pour un steamer
La compagnie Blondit and Clowns
Aux pannes qui la langue au pas
En plein hiver mangeaient des nèfles
A ceux pour qui deux sous de trèfle
Ça valait une Craven A
A ceux-là je laisse la fleur
De mon désespoir en allé
Maintenant que je suis paré
Et que je vais chez le coiffeur
Pauvre mec mon pauvre Pierrot
Vois la lune qui te cafarde
Cette Américaine moucharde
Qu´ils ont vidée de ton pipeau
Ils t´ont pelé comme un mouton
Avec un ciseau à surtaxe
Progressivement contumax
Tu bêle à tout va la chanson
Et tu n´achètes plus que du vent
Encore que la nuit venue
Y a ta cavale dans la rue
Qui hennnit en te klaxonnant
Le Droit la Loi la Foi et Toi
Et une éponge de vin sur
Ton Beaujolais qui fait le mur
Et ta Pépée qui fait le toit
Et si vraiment Dieu existait
Comme le disait Bakounine
Ce Camarade Vitamine
Il faudrait s´en débarrasser
Tu traînes ton croco ridé
Cinquante berges dans les flancs
Et tes chiens qui mordent dedans
Le pot-au-rif de l´amitié
Un poète ça sent des pieds
On lave pas la poésie
Ça se défenestre et ça crie
Aux gens perdus des mots FERIES
Des mots oui des mots comme le Nouveau
Monde
Des mots venus de l´autre côté clé
la rive
Des mots tranquilles comme mon chien
qui dort
Des mots chargés des lèvres
constellées dans le dictionnaire des
constellations de mots
Et c´est le Bonnet Noir que nous
mettrons sur le vocabulaire
Nous ferons un séminaire, particulier
avec des grammairiens
particuliers aussi
Et chargés de mettre des perruques aux
vieilles pouffiasses
Littéromanes
IL IMPORTE QUE LE MOT AMOUR soit rempli
de mystère et non
de tabou, de péché, de vertu, de
carnaval romain des draps cousus
dans le salace
Et dans l´objet de la policière
voyance ou voyeurie
Nous mettrons de longs cheveux aux
prêtres de la rue pour leur
apprendre à s´appeler dès lors
monsieur l´abbé Rita Hayworth
monsieur l´abbé BB fricoti fricota et
nous ferons des prières inversées
Et nous lancerons à la tête des gens
des mots
SANS CULOTTE
SANS BANDE A CUL
Sans rien qui puisse jamais remettre en
question
La vieille la très vieille et très
ancienne et démodée querelle du
qu´en diront-ils
Et du je fais quand même mes
cochoncetés en toute quiétude sous
prétexte qu´on m´a béni
Que j´ai signé chez monsieur le maire
de mes deux mairies
ALORS QUE CES ENFANTS SONT TOUT SEULS
DANS LES
RUES
ET S´INVENTENT LA VRAIE GALAXIE DE
L´AMOUR
INSTANTANE
Alors que ces enfants dans la rue
s´aiment et s´aimeront
Alors que cela est indéniable
Alors que cela est de toute évidence
et de toute éternité
JE PARLE POUR DANS DIX SIECLES et je
prends date
On peut me mettre en cabane
On peut me rire au nez ça dépend de
quel rire
JE PROVOQUE-À L´AMOUR ET À
L´INSURRECTION
YES! I AM UN IMMENSE PROVOCATEUR
Je vous l´ai dit
Des armes et des mots c´est pareil
Ça tue pareil
II faut tuer l´intelligence des mots
anciens
Avec des mots tout relatifs, courbes,
comme tu voudras
IL FAUT METTRE EUCLIDE DANS UNE
POUBELLE
Mettez-vous le bien dans la courbure
C´est râpé vos trucs et manigances
Vos démocraties où il n´est pas
question de monter à l´hôtel avec
une fille
Si elle ne vous est pas collée par la
jurisprudence
C´est râpé Messieurs de la Romance
Nous, nous sommes pour un langage
auquel vous n´entravez que couic
(4:16)
NOUS SOMMES DES CHIENS
et les chiens,
quand ils sentent la compagnie,
et les chiens,
quand ils sentent la compagnie,
Ils se dérangent et on leur fout la
paix
Nous voulons la Paix des Chiens
Nous sommes des chiens de " bonne
volonté "
Et nous ne sommes pas contre le fait
qu´on laisse venir à nous
certaines chiennes
Puisqu´elles sont faites pour ça
et pour nous
et pour nous
Nous aboyons avec des armes dans la
gueule
Des armes blanches et noires comme des
mots noirs et blancs
NOIRS COMME LA TERREUR QUE VOUS
ASSUMEREZ
BLANCS COMME LA VIRGINITÉ QUE NOUS
ASSUMONS
NOUS SOMMES DES CHIENS et les chiens,
quand ils sentent la compagnie,
II se dérangent, ils se décolliérisent
Et posent leur os comme on pose sa
cigarette
quand on a quelque chose d´urgent à faire
quand on a quelque chose d´urgent à faire
Même et de préférence si l´urgence
contient l´idée de vous foutre sur la margoulette
Je n´écris pas comme de Gaulle ou
comme Perse
JE CAUSE et je GUEULE comme un chien
JE SUIS UN CHIEN!
Léo Ferré
Fica prometida a tradução da primeira parte do poema.
Aqui está o final:
O Cão
(...)
(4:16)
NÓS SOMOS CÃES, e os cães,
quando sentem vir companhia,
ficam em guarda e todos os deixam em paz.
Nós queremos a Paz dos Cães
Nós somos cães de "boa vontade"
e não somos contra o fato que deixem vir até nós certas cadelas
Porque elas foram feitas para isso e para nós.
Ladramos com armas nas goelas
Armas brancas e negras como palavras negras e brancas
NEGRAS COMO O TERROR QUE ASSUMIREIS
BRANCAS COMO A VIRGINDADE QUE ASSUMIMOS
NÓS SOMOS CÃES e os cães, quando sentem companhia
ficam perturbados, tiram as coleiras,
e largam o osso como nós o cigarro
quando temos qualquer coisa de urgente a fazer
Mesmo e de preferência se essa urgência inclui a ideia de vos partir as trombas
Não escrevo como de Gaulle ou como Perse!
Eu DISCUTO e BERRO como um cão
EU SOU UM CÃO!
Léo Ferré
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
The dog
The first part of the translation will be promised for later.
Here is the end:
(...)
(4:16)
WE ARE DOGS, and dogs,
when they feel someone aproaching,
they stay on guard and people leave them alone.
We want the Peace of the Dogs.
We are "goodwill" dogs
And we are not against the fact that they let come to us some bitches
Because they were made for this and for us.
We bark with weapons in the mouth
Wite and black weapons like black and white words
BLACK AS THE TERROR YOU WILL ASSUME
WHITE AS THE VIRGINITY WE ASSUME
WE ARE DOGS and dogs, when they feel someone aproaching
they become disturbed, they unleash themselves,
and drop their bone as we drop our cigarrette
when we have something urgent to do
Even and preferably if the emergency contains the idea of breaking your face
I do not write like de Gaulle or as Perse!
I ARGUE and YELL like a dog
I AM A DOG!
Léo Ferré
Comments
Post a Comment